Environnement familial

Marin Provençal au 19ème siècle.

Jacques louis GIRAUD est né le 28 avril 1831 à Cannes. Son père Honoré (né à Cannes le 27 février 1794) a été cultivateur (1814 – 1827), portefaix à partir de 1830, à nouveau cultivateur en 1840, puis distillateur (1858). Sa mère Jeanne-Marie BLANC (née à Vence le 10 mars 1792) élève ses enfants. On la retrouve journalière en 1840.

Il est le neuvième d’une famille cannoise de dix enfants, dont cinq décéderont en bas âge.

Acte de naissance de Jacques Louis Giraud

A cette époque le planning familial est inconnu, tous comme le sont les moyens contraceptifs. La mère doit s’attendre à se retrouver régulièrement enceinte à intervalles de dix à vingt-cinq mois, selon qu’elle allaite ou non. Ainsi vont naître :

–  Joseph (21 novembre 1814) qui épousera le 30/10/1850 Victoire POUTON
à Constantine (Algérie)

  Anne (14 septembre 1816 – 23 février 1821) à 4 ans,
  Marianne (27 novembre1818) qui épousera François ISNARD
  Joseph1(29 octobre 1820 – 17 octobre 1884) à 64 ans (hôpital civil de Cannes),
  Marie-Claire (13 septembre 1822),
  Jean-Baptiste (29 septembre 1824 – 21 octobre 1824) à un mois,
  Marie (1er janvier 1827 – 23 octobre 1827) à dix mois,
  Virginie (15 mai 1829 – 30 octobre 1830) à 18 mois,
  Jacques Louis (28 avril 1831- 1 novembre 1869),
  Rose (17 février 1834 – ) qui épousera plus tard MARON Désiré Louis.

(1) Il n’est pas rare de trouver dans une famille deux enfants ayant le même prénom. On disait alors Joseph majeur et Joseph mineur ou bien les enfants avaient des surnoms.

Environnement economique

Au xixe comme au siècle précèdent, à Toulon comme à Cannes et Antibes, on commerce avec l’Afrique du Nord, la Grèce, le Levant. On achète et on revend des épices, du blé, de l’huile, etc. L’activité est essentiellement tournée vers la mer dont dépend toute une population de marins, de charpentiers, de fabricants de cordage et de filets, de portefaix, de pêcheurs, de poissonniers. D’abord cultivateur pendant une quinzaine d’année, à la naissance de Jacques Louis son père est portefaix. Entre autres le portefaix charge et décharge les marchandises. C’est donc dans une famille pauvre que se déroule l’enfance de Jacques Louis.

Pour une famille pauvre, placer un garçon comme mousse, c’est non seulement un petit revenu mais aussi une bouche de moins à nourrir. Comme son frère Joseph (né le 20/10/1820), Jacques Louis va apprendre le métier de marin.

À douze ans, le 17 juillet 1843, il embarque au port de Toulon sur la Créole, navire de la marine Royale.

Un début de vie de marin ordinaire

Le mousse n’a pas la force pour exécuter les tâches liées à la navigation, il est donc utilisé pour toutes les tâches ingrates, pour l’entretien du bateau, balayage, lessivage du pont, mais également des corvées de pluches. Il sert aussi de domestique aux matelots.

Son maigre salaire mensuel (30 francs, soit environ 90 euros 2005), il le reverse à ses parents au retour. Un salarié, au milieu du 19ème siècle gagne 2,50 à 3 Francs par jour, le prix d’un kilo de pain est de 0,50 francs.

À 16 ans le mousse devient « novice » puis à la date anniversaire de ses 18 ans matelot de 3e classe. Pendant cette période de juillet 1843 au 28 avril 1849, Jacques Louis aura servi ; comme mousse, 14 mois 15 jours à la Royale, 15 mois 27 jours au commerce et 4 mois 6 jours à la petite pêche ; comme novice, 20 mois 9 jours au commerce.

Il faut se souvenir que depuis 1666 tous les « gens de mer » sont inscrits dans les « quartiers de l’amirauté » de leur lieu de résidence et la marine d’État, la Royale, peut faire appel à eux selon l’époque et les besoins. Ceci explique cette alternance d’embarquement sur des navires du commerce et de l’État.

Embarqué le 2 juillet 1849 sur le « Gustave » (capitaine Agarrat), il va vivre son deuxième naufrage sur la côte de Sardaigne le 6 mars 1850, il rentre à Marseille le 13 mars.

« Levé à la demande », c’est-à-dire affecté au service de la Royale le 15 mars 1850, il servira successivement :

1850, le Tancrése et l’Égyptien,

1851, le Scamandre, l’Alexandre, l’Osiris et le Caire,

1852, il embarque le 4 avril, à la veille de ses 21 ans, sur le « Charlemagne », à bord duquel il va vivre la guerre de Crimée jusqu’en septembre 1855.

Le « Charlemagne, construit par l’ingénieur Dorian en 1850 est un navire à voiles transformé en mixte vaisseau de 3eclasse muni d’un appareil à vapeur de 450 chevaux. Il est armé de 80 canons et il est sous le commandement du capitaine de vaisseau de Chabannes-Curton.

L’expédition de Crimée (1853 – 1855)

L’année 1853.

Le 19 mars 1853, on peut lire dans le Moniteur universel français (journal officiel) : « L’escadre qui se trouve en ce moment à Toulon a reçu l’ordre de sortir de ce port et de se rendre dans les eaux de la Grèce ».

Cette escadre composée de huit vaisseaux, dont le « Charlemagne », et de plusieurs vapeurs, quitte Toulon le 23 mars 1853. Jacques Louis Giraud a-t-il tenu un journal de bord ?

Savait-il seulement écrire ? L’analphabétisme était courante parmi les équipages.

Quoi qu’il en soit le récit de cette campagne, à son retour, devait être proche de ce qui suit.

« Le mercredi 23 mars 1853 nous quittons le port de Toulon et après plusieurs jours de navigation sans problème, le Charlemagne jette l’ancre dans la baie de Salamine au fond du golfe d’Athènes.

Début juillet, le Charlemagne reçoit l’ordre de mettre le cap sur la baie de Besika et nous mouillons en face de l’île de Ténédos. En plus de l’escadre française, est venue se joindre à nous 15 navires de la Royale Navy. Au total nous sommes plus d’une trentaine de navires rassemblés en ce lieu.

Nous resterons à Besika jusqu’à mi-septembre 1853. De long mois se sont écoulés depuis notre départ de Toulon, afin de tuer le temps, nous nous exerçons aux manœuvres de voiles et aux exercices d’artillerie et de mousqueterie. Comme c’est généralement le cas, notre équipage est composé de deux tiers de marins du littoral levés pour l’exercice, comme moi, et d’un tiers de jeunes conscrits de l’intérieur de la France qui doivent tout apprendre.

Le menu quotidien n’est pas attrayant. La viande est pourrie et puante, le biscuit infesté de vermine, et le fromage dur comme de la pierre. Pour la boisson, de l’eau croupie, verte et boueuse, ou de la petite bière, guère plus tentante à boire.

Cette inaction démoralise beaucoup d’entre nous, d’autant plus qu’à la fin de l’été 1853 est apparue une épidémie de paludisme, à cause des marais alentours.

Enfin, le 22 septembre, avant le lever du jour, nous appareillons. Le vent est contraire, le Charlemagne doit lutter contre le courant et malgré notre machine de 450 chevaux, nous n’avançons qu’avec lenteur. Le jour commençait à poindre quand le Charlemagne arriva  à l’entrée des Dardanelles, notre mouillage étant prévu à Nagara.

Le 7 novembre, l’ordre est donné de remonter vers Constantinople. Le Mogador, le plus puissant remorqueur de l’escadre nous fait franchir le Bosphore. A l’est, la côte d’Asie, à l’ouest la côte d’Europe et sur les deux rives c’est un mélange d’arbres touffus, de maisons, de minaret, ça et là des troupeaux épars. Le 13 nous jetons l’ancre à Beïcos.La pluie et la neige qui tombent par intervalles au milieu des rafales violentes venues du nord-est, les coups de vent qui se succèdent, le baromètre qui reste au plus bas, rythment notre vie à bord en cette fin d’année 1853.

L’année 1854.

Le 04 janvier 1854, le bruit aigu des sifflets et le grincement des cabestans annoncent le départ. A travers la brume qui se déchire, on aperçoit les voiles déployées en pyramide qui se gonflent au vent. A 10 heures nous naviguons en mer Noire. Le Charlemagne ferme la marche de l’escadre Française avec, par le travers bâbord, le vapeur Descartes qui doit nous remorquer en cas de besoin. Notre rôle est de naviguer avec une activité incessante sur cette mer inconnue, d’explorer la côte afin de sonder la profondeur des eaux, de reconnaître les points fortifiés, d’assurer notre présence face à l’ennemie.

Le 07 février , le Charlemagne escorte, avec deux autres vaisseaux et 5 frégates à vapeur, un convoi turc portant des approvisionnement de toute nature à l’armée turque d’Asie. Après avoir visité Sinope, Trébizonde et Batoum, le Charlemagne longe la côte russe de Georgie. Nous mouillons en face du fort de Saint Nicolas (Tchekétil) qui est aux mains des turcs. Par contre nous passons au large de Poti et Redout-Kalé qui sont encore occupés par les russes. Enfin le 20 février le Charlemagne rejoint le reste de l’escadre.

Le 16 avril, un peu avant midi, l’équipage est rassemblé sur le pont. Notre commandant nous informe que la guerre est déclarée à la Russie. Soulagés par la fin de cette longue attente, nous nous élançons dans la mâture et du haut des vergues, par trois fois, nous crions « Vive l’Empereur ».

Le 26 avril au matin, nous hissons les voiles et favorisés par un vent du nord, nous faisons route vers les côtes ouest de la Crimée. Le 27 le Charlemagne est en vue du cap Tarkan et le 28 à midi nous mettons en panne à l’ouvert du port de Sébastopol. La température est froide et l’horizon brumeux, les montagnes que nous distinguons au loin (NDLR : l’ancienne Tauride) sont encore couvertes de neige et descendent en pentes abruptes jusqu’à la mer. Pendant plusieurs jours nous observons les navires russes immobilisés dans le port.

Le 07 mai, le Charlemagne lève l’ancre  pour aller détruire sur le littoral de la Crimée les points occupés par les russes et capturer les bâtiments.

Exaltante et terrifiante épreuve que celle d’un combat. Aucun récit ne peut décrire l’ambiance terrible qui règne pendant l’engagement : les cris des blessés, le craquement des bois brisés, l’odeur du sang et de la poudre, le son assourdissant des pièces tirant leurs bordées, la fumée aveuglante, les sifflets et les ordres, les hommes courants sur le pont aux manœuvres des voiles.

Le 16, à trois heures du matin le Charlemagne navigue à la « vapeur » pour longer la côte jusqu’à Soukoum-Kalé. A sept heures nous mouillons dans la baie, à environ un demi mille de la ville. Je n’aurai jamais imaginé cette ville aussi grande. On aperçoit bordant la plage, de belles maisons en pierre, puis à l’arrière de grands édifices, des casernes, un hôpital. A l’intérieur de la ville, c’est un paysage de désolation, les russes en se retirant ont tout détruit. Sans plus attendre, nous mettons le cap sur Redout-Kalé. Le 27 mai à midi, nous passons devant ce port le plus important de la côte sud de la mer Noire pour stopper à deux milles au sud de la batterie. Quelques heures plus tard, le Charlemagne approche, avec l’Agamemnon, de la côte autant que le permet notre tirant d’eau et nous ouvrons le feu sur un bois bordant la plage de débarquement où l’on avait aperçu des cosaques. Ensuite les canons du Charlemagne prirent pour cible les batteries élevées du côté de la mer. Le feu des batteries ennemies cessa subitement après quelques coups dirigés vers nous. Les troupes Turques mises à terre trouvèrent toutes les batteries abandonnées. Fidèles à leur stratégie, les Russes laissèrent la ruine derrière eux. A un mille environ, une fumée noire s’éleva bientôt dans les airs ; c’était l’incendie qui commençait déjà de plusieurs coté et dévorait les maisons sur les deux bords de la rivière. Bientôt les flammes envahirent un grand espace et donnèrent une sinistre clarté à la nuit qui commençait à tomber.

Le 27 juillet au matin, nous sommes devant la baie de Balaklava.

Début août, une forte épidémie de choléra nous obligea de prendre rapidement la mer pour chercher à arrêter les ravages du fléau. Le 17 août nous revenons au mouillage de Baltchik.

Le 5 septembre l’ordre d’appareiller est donné. La manœuvre est difficile pour sortir de cette forêt de mats qui couvrent les eaux de Baltchik. Le vent est favorable, la mer est belle et le Charlemagne fait route vers l’île des Serpents. Durant le mois de septembre nous participons aux opérations de débarquement et de ravitaillement des troupes sur les côtes de Crimée.

Début octobre, nous prenons position au sud-ouest de Sébastopol, après avoir débarqué le matériel de siége dans la baie de Kamiesh.

Le 7 octobre, vers huit heures du matin, je pars dans le canot pour débarquer les hommes du Charlemagne. Nous sommes accueillis par une grêle de boulets. Mon embarcation fut atteinte par l’un d’eux mais sans gravité et nous pûmes regagner le bord.

Le 17 octobre, le jour est à peine levé que nous appareillons pour prendre position à l’extrémité de la ligne de feu de l’escadre. La puissance de tir du Charlemagne nous place en première position. Le Montebello portant la pavillon de l’amiral Bruat s’est positionné sur le travers. Dés que les Russes nous ont aperçus à la hauteur de la petite anse de Cheronése, un feu terrible se concentre sur nous. Le feu s’est déclaré à bord du Montebello. Nous ne sommes pas mieux lotis, une bombe a traversé tous les ponts du Charlemagne et est venue éclater dans la machine qu’elle a mise en partie hors service. Il est 6 heures du soir ; la nuit est venue, et les derniers vaisseaux s’éloignent lentement, un à un, comme ils étaient venus. Notre bâtiment le premier entré au feu a perdu 37 hommes.

Vers la fin octobre nous subissons une série de coups de vent du nord-est au nord-ouest, avant-coureurs presque certains des orages et de la tempête. C’est l’hiver, si souvent terrible dans ces parages, qui commence. Cela ne fera qu’empirer en novembre, rupture de mouillage, mâture endommagée rendront la position du Charlemagne difficile à tenir. 

L’année 1855.

Le début de l’année 1855 est marqué par les travaux du siége de Sébastopol. Fin février les marins du Charlemagne attachés aux batteries sont allés rejoindre les 1800 autres sur le plateau de Chersonèse. A mi-mai, les  Vaisseaux de l’escadre ont terminé le transport des troupes de réserve et ont repris leur mouillage habituel. Le 20 mai, nous apprenons que l’escadre dont fait partie le Charlemagne est chargée de frapper un grand coup, tant sur mer que sur terre.

      L’escadre Française navigue sur deux colonnes dans le sud de l’escadre Anglaise. Le Charlemagne, le Mogador, le Brandon, le Descartes entre autres forment la seconde colonne, celle du sud. Il est neuf heures du soir, à l’obscurité est venu se joindre un manteau de brume. Quand le nuage de brouillard se dissipe, les rayons lumineux de la lune éclairent au loin la mer et se jouent dans les mâtures des vaisseaux. Un profond silence règne dans l’atmosphère.

Tout à coup ce silence est interrompu par une vive fusillade entremêlée de coups de canon. La ville assiégée s’embrase d’une longue ligne de feu. Après huit heures de combat acharné, l’escadre se retira à nouveau dans son rideau de brume.

« la guerre de Crimée », Balaklawa, port de Sébastopol.Photographie de Roger FENTON

Le sept juin, 200 hommes du Charlemagne débarquent pour protéger les habitants de la ville de Kertch des agressions tartares.

 Nous sommes le 18 juin, on se prépare au combat. Les mesures préservatrices sont prises à bord, les filets de casse-tête sont tendus ; hommes et canons se préparent à combattre au premier signal. A deux heures, sur tous les bâtiments on fait le branle-bas de combat. A trois heures, le Montebello, le Napoléon et le Charlemagne se sont mis en marche ; les couleurs sont arborées. Prêt au combat ! Le siége de Sébastopol marchait à grand pas vers une solution prochaine. »

Pour son comportement exemplaire pendant cette campagne, Jacques Louis Giraud recevra le certificat de bonne conduite et sera décoré de la médaille de Crimée.

Le 5 septembre 1855 il débarque à Toulon où il restera à la « division » jusqu’au 26 janvier 1856. Il quitte alors la Royale. Il navigue sur des bâtiments de commerce :

–         Du 21 janvier au 08 août 1956 sur le « Marie Antoinette » (Marseille),

–         Du 5 septembre 1856 au 11 juillet 1858 sur le « SM Sébastopol » (Marseille),

mariage et descendance

Nos ancêtres étaient-ils vertueux ? Pas toujours, loin s’en faut et d’autant plus quand on est marin !

Il s’ensuit que les conceptions prénuptiales sont assez fréquentes dans tous les milieux et souvent Monsieur le curé doit accorder une dispense de ban pour accélérer la célébration des noces. L’essentiel est de régulariser les choses, faute de quoi le « bâtard » cristalliserait la honte et l’opprobre sur la famille tout entière.

Dans la région cannoise, la culture du blé et des céréales tendent à disparaître pour être remplacée par celle des fleurs. Grasse est proche et son industrie des parfums en pleine extension. Autour de ces cultures se sont crées de petites distilleries de campagne. Beaucoup de paysans faisaient eux-même, dans des alambics de cuivre rouge des essences de fleurs ou les alcools prohibés.

Honoré GIRAUD ( son pére) est devenu : distillateur.

Jacques Louis a alors 28 ans. Il a rencontré à la Roquette sur Siagne, Marie, une jeune fille de six ans sa cadette.

Le mariage est organisée en toute hâte seuls les bans 3 et 4 seront publiés les dimanches précédents.

Carte dite de « Cassini » région de Cannes

Jacques Louis épouse le mercredi 27 avril 1859 à 19 heures, à la Roquette sur Siagne, Marie BARESTE, fille d’Honoré, maçon, et de Marie BREL.

On se marie en début de semaine et la mariée n’est pas en blanc. Contrairement à ce que nous connaissons aujourd’hui, la fin de semaine est rejetée au profit des trois premiers jours. Le jour choisi est obligatoirement un jour « ouvrier ». Impossible de se marier un jour de fête. Avant la décennie 1870, marquée par le culte de l’Immaculée Conception, aucune mariée n’est vêtue de blanc. Sa robe est de couleur vive, surtout rouge ou bleue, et toujours recouverte d’un tablier de couleur

Le mardi 03 mai, soit six jours après son mariage, il est « levé pour le service » et embarque le 10 juin à bord du « Prince Jérôme ». Il sera débarqué et congédié le 4 août 1859..

Il repart au commerce le 16 septembre 1859 sur le « Saint Laurent », débarqué le 10 mai 1860 à Bordeaux.

Jacques Louis sera donc absent de la Roquette sur Siagne, lors de la naissance de son fils, Jean Honoré, le 23 décembre 1859. C’est le grand père maternel, Honoré Bareste (55 ans), maçon,  qui déclarera en mairie la naissance de son petit fils. Les témoins seront Joseph Gras (57 ans), cultivateur et Joseph Bareste (58 ans), cultivateur.

Il reprend la mer le 21 juillet 1860 sur « l’Annette » et arrive à Marseille le 26 octobre de la même année.

Du 4 janvier 1861 au 27 janvier, il est sur le « Neptune ».
Du 11 mars 1861 au 25 juillet 1861 sur le vapeur « Impératrice » (Toulon).
Du 30 septembre 1861 au 29 septembre 1862 sur le SM « Malakoff ».
Levé le 6 février 1863, à sa demande, il est dirigé le 19 du même mois, en détachement, sur Cherbourg. Il est affecté sur le « Bellone » jusqu’au premier février 1865.

Entre temps, il sera nommé quartier maître de 1ere classe le 1 juillet 1963.

Il navigue ensuite  sur la goélette Amaranthe de février 1865 au 7 mars 1866. Puis pour les Transports Céres de mars à mai 1866 vers Fort de France, sur le « Ville d’Agde » de juillet à octobre 1966, embarquement Toulon, débarquement Dunkerque, puis sur le « Notre Dame des Victoires » départ du Havre le 18 septembre 1868, retour à Bordeaux le 24 avril 1869.

Le dernier voyage

Il embarque sur le « François Marie » à Marseille le 18 mai 1869 pour son dernier voyage.

Le « François Marie » est un trois mats construit en 1855 à Bayonne, appartenant à Monsieur LATY, armateur à Cannes et sous le commandement du capitaine Anthem Plaucheur d’Antibes.

Rôle au long cours du trois mats « François Marie »

 Outre le capitaine l’équipage est composé du second, Ernest Moyne de Lorient,  de Jacques Louis Giraud, Maître d’équipage et de six matelots : Eugène Grevel de Brest, Jean Gaillard de Bordeaux, Jacques Philippe du Havre, Spaninondas d’origine turc, Germain Bernarda de Saint Louis de la Réunion et François Lartucoli d’Ajaccio.

Le « François Marie » quitte donc Marseille le 20 mai 1869, ayant à bord neuf hommes d’équipage et diverses marchandises pour les Canaries et la côte occidentale de l’Afrique.

Il arrive le 15 juin à Sainte Croix de Teneriffe où est débarqué et conduit à l’hôpital de la ville, Jean Gaillard, atteint d’une maladie contracté avant son embarquement. Il en sort le 23 du dit mois et le capitaine a payé la somme de 35 francs qui devront lui être remboursés (signé de Sr Berthelot, consul de France à Ste Croix de Teneriffe).

Le navire quitte Sainte Croix le 23 juin et arrive à Sierra Leone le 12 juillet 1869.

Jean Gaillard est débarqué définitivement à l’hôpital de Sierra Leone le 13 juillet, atteint de syphilis. Le capitaine laissera la somme de 200 francs pour payer les frais d’hospitalisation de ce matelot (signé Suarez consul d’Espagne gérant l’agence consulaire de France).

Le 14 juillet le navire chargé d’arachides reprend la mer pour Marseille avec une escale à Forecaria (côte de Guinée) pour embarquer comme passagers quatre marins naufragés du trois mats français « Mélanie » afin de les rapatrier.

Le 1er novembre 1869, au large d’Oristano (Sardaigne) le feu se déclare à bord. Au cours de la lutte contre l’incendie Jacques Louis tombera du mat de misaine pour venir s’écraser sur le pont du bateau. Il avait 38 ans.

(épisode final qui reste encore à préciser à partir du livre de bord du François Marie, si celui-ci existe encore?). 

Le bateau sera en relâche forcé à Oristano du 5 décembre 1869 au 21 janvier 1870.

Le « François Marie » sera de retour à Marseille le 31 janvier 1870 où il pourra enfin débarquer sa cargaison d’arachides.

Le décompte des salaires de ce dernier voyage fait apparaître :

 Bruts:………..402,50
3% :………….. 12,08
Nets:………….390,42

Avances à l’armement :…….145,50
Reste à payer:………………… 244,92
Produit de la vente des effets:…19,50

 Total à verser   264,42 francs (soit environ 790 euros 2005) qui seront remis à sa veuve à Cannes lors du retour du navire.

Son fils Jean Honoré n’a alors que 10 ans.

la vie continue…apres

Marie Bareste, veuve à l’âge de 32 ans, épousera à La Roquette, en seconde noce, le 2 février 1872 Antoine Bertrand.

Qui est Antoine Bertrand ? gendarme à cheval domicilié à Grasse quartier du Cours,  il est de huit ans son aîné. Veuf également, sa première épouse, Marie Rose Chambert est décédée le 18 juillet 1870 à Grasse, à 31 ans. Le couple Bertrand-Chambert a deux enfants nés à Grasse: François Esprit né le 18 mars 1867 qui décédera deux ans après le remariage de son père, le 12 mars 1874 à la veille de ses 7 ans ; Rose Catherine Louise née le 13 août 1868 qui décédera à Grasse le 6 mars 1954.

On peut supposer que Marie Bareste – Giraud – Bertrand a suivi son gendarme d’époux dans ses différentes affectations, laissant l’éducation de son fils à sa belle sœur, Rose Giraud épouse Marron. Ce dernier vivra donc avec sa cousine germaine[1], Marie Thérèse Marron au 15 de la rue Rostan à Cannes[2]. Il y sera toujours présent le jour de son mariage  avec … sa cousine, le 24 janvier 1885 à Cannes. Sa mère sera présente à la cérémonie et signera Marie Giraud.

Le mariage entre cousins est plus fréquent à cette époque que l’on ne le croit, les alliances se faisant souvent dans un cercle géographique restreint. « Si tu le peux, marie toi dans ton village, et si tu le peux dans ta rue, et si tu le peux dans ta maison » conseille un adage ancien.

De cette union naîtra Louis Giraud époux de Mireille Maland, mes grands parents.

SOURCES et BIBLIOGRAPHIE

Sources

Archives Départementales des Alpes Maritimes :

  •  Inscription maritime No 481 1843-1849 (17P61)
  • Inscription maritime No 732 1848-1849(17P69)
  • Inscription maritime No 423 1849-1850(17P33)
  • Inscription maritime No 363 1850-1862 (17P34)
  • Inscription maritime No 139 1865-1869 (registre 1022 inscrits définitifs)
  • Table de recensement Grasse 1872 06-M-0097 page 9
  • Table de recensement Cannes 1881 06-M-0060 page 131
  • Table de recensement Cannes 1886 06-M-0061 page 117

  Archives de la Région Maritime de Toulon :

 Rôle 164 trois mâts « François Marie » (13 P 304)

Service Historique de la Marine (Vincennes)

  • Construction du « Charlemagne » série 8 DD1 21, série 8 DD1 18

 Archives de la ville de Cannes

  • Informations sur la rue Rostan :  dossier 2O59 des Archives de Cannes (dossiers sur la voirie) ainsi que dans le répertoire des rues réalisé par Pierre Ipert (cote B108).

 

Internet

http://193.48.79.11/archives/indexEC.php (Etat civil AD 06)

http://cborzeix.club.fr/GlossaireMarine/

Bibliographie

 Histoire du Commerce et de l’Industrie de Marseille XIX-XXe siècle ; Roland Caty, Éliane Richard.

  • Mers et marins en France d’autrefois ; Archives et Culture (ouvrage collectif).
  • A bord d’un vaisseau de guerre ; Richard Platt, Stephen Biesty.
  • Chroniques maritimes de la guerre d’Orient par le Baron de Bazancourt (1858 BNF).
  • État sanitaire de la flotte Française pendant la guerre de Crimée, Jean-Louis Poirier.
  • Qui étaient nos ancêtres, Jean-Louis Beaucarnot..
  • Comment vivaient nos ancêtres, Jean-Louis Beaucarnot.
  • La Roquette sur Siagne, Maryse Romieu.